CDM MMXIV
texte/photo : Gophrette Power
Il est 18:00 et je suis au Quai de l’Horloge sur le Vieux Port de Montreal. La pénombre vient juste d’engloutir le stationnement et on peut facilement voir les lumières de la ville au loin. De petites lumières clignotantes virevoltent au dessus du sol en ma direction. De petits groupes de fantômes cherchant des âmes vivantes à effrayer envahissent la place. Le tableau est parfait en cette période d’Halloween. Au total c’est 180 cyclistes qui viennent participer à la Course Des Morts, qui en est à sa 15ème édition. C’est comme le dernier rendez-vous de la saison. La dernière course avant l’hiver, la saison dite morte. Il est 18:44 et le coup d’envoi est donné. Tout les fantômes s’affairent sur leurs vélos pour les libérer des U-Lock qui les bloquent au sol. Ils récupèrent également le manifeste qui a été placé dans les roues et ils découvrent les 12 premiers check points à relier. Ils sont éparpillés entre les quartiers du Plateau Mont Royal, Hochelaga, NDG et Centre-Ville. Dans des appartements et terrains vagues. Mais la liste est dans le désordre. Alors qui sera le plus malin pour démêler la trajectoire idéale qui relie toutes ses adresses les unes aux autres. Le parcours idéal fait approximativement 50K et il est faisable en 2:30. C’est ça le chalenge de cette course. Etre le plus rapide à vélo n’est pas le seul atout. Il faut aussi connaitre la ville et savoir s’y orienter. Pas simple pour les participants venues d’autres villes comme Toronto, Ottawa ou Los Angeles. Certains prennent leur temps et étudient les adresses sur leurs GPS. Et d’autres foncent comme des balles en direction des points les plus éloignés. C’est partie, je ramasse mes flashs et je saute sur mon vélo. La mission que je me suis donné est de prendre en photo les participants aux check points que j’arriverais à relier. J’en ai effectué 6 car je n’ai pas aperçu de vélos en passant devant certain. Donc, pas le temps de niaiser. Un check point vide est un check point mort. Certains d’entre eux ont un thème et une épreuve. Chez Bikurious MTL il faut dessiner le logo du magasin. Chez les Meow's il faut boire du Whisky et se faire tirer le portrait. Les Cuisinières de l’Apocalypse te font manger leurs succulents gâteaux aux ingrédients secrets. Le Pirate du terrain vague de Bernard/Casgrain te fait lancer sa hache sur une buche…. Tout ça pour récupérer les précieux estampes sur ton manifeste, preuves de ton passage aux check points. Si il te manque une estampe, tu es éliminé. Si tu perds ton manifeste, tu es éliminé. Les feus de signalisations n’existent plus. Ils ne sont que de la décoration urbaine. Les rues en sens uniques sont pratiques car on peut facilement voir les voitures venir en face. Ça roule vite dans le traffic en groupe ou en solo. C’est une course, pas une visite guidé. L’Oratoire Saint-Joseph et le dernier check point de la première partie de la course. Tu dois monter tout en haut des escaliers pour récupérer le second manifeste. Apres deux heures de sprint dans la fraicheur, les rues sombres et la goute au nez, monter ces marches ressemble à une ascension alpine. Et comme par enchantement, les premier flocons de neige de la saison se mettent à tomber. Les planètes sont maintenant alignées pour la suite de la course qui se déroule dans le quartier de Westmount. Les check points sont des appartements, ruelles et forets plongées dans le noir. Il y 5 adresses à relier et la dernière est au Salon Officiel sur le Plateau Mont Royal. J’y arrive vers 22:00 avec un groupe retrouvé dans la forêt et l’ambiance est déjà forte. Tous les concurrents se racontent leurs expériences. Crevaisons, accidents avec des voitures, fourche brisé… Le tout sans gravité. Mais le pire sont les pertes de manifestes. Cela te disqualifie de la course et du classement. Même si tu es arrivé 10 minutes avant tout le monde… Ça te tue. La remise des prix est juste incroyable. beaucoup de prix à gagner. Les sponsors ont vraiment été généreux. Vélo iBike et Bikurious MTL ont offert un frame/set chacun. Il a aussi des sacs, des vêtements, des accessoires, des légumes bio et des tattoos. Conclusion, La Course Des Morts m’a fait sentir que j’étais vivant !